Le rédacteur Web doit permettre à un site d’être mieux référencé mais aussi d’être plus efficace. Le journaliste lui se doit d’informer. Deux métiers radicalement différents me direz-vous ! Pas si sûr.

Rédacteur Web, biographe personnel, écrivain public, conférencier, Journaliste Web, Content Manager, stratège éditorial, formateur, … décidément les qualificatifs ne manquent pas sur ma carte de visite, que par simplification j’ai titré plus sobrement Écrivain. Mais si tous ces aspects de mon quotidien induisent l’écriture, peut-on les concilier ? Et le métier de journaliste attise fantasmes et mystères. Le métier est-il braiement si différent de la mission du responsable de la rédaction de contenu.

Deux métiers reposant sur l’écriture et menacés par l’intelligence artificielle ?

Bien évidemment que le journaliste peut aussi désigner l’auteur de photos, de vidéos ou de photographies et ne doit pas être cantonné à la création de contenus textuels. Les journalistes de la presse écrite ne sont pas les seuls à relever de cette profession. Le travail de journaliste peut être divers et les métiers du journalisme ne se limitent pas aux seuls pigistes et auteurs. Cependant, écrire pour un journal, un site d’information, un site e-commerce ou rédiger un livre, une plaquette de présentation, un flyer commercial ou le livre de votre vie, tout cela relève de l’acte d’écriture. L’écriture journalistique n’est-elle pas singée par une grande partie des rédacteurs Web ? Pourtant, un rédacteur Web peut-il alors se prévaloir du titre de journaliste Web ? Est-ce présomptueux pour un journaliste de se présenter comme un rédacteur Web ? Le journalisme est un métier, la rédaction Web aussi, là n’est pas la question.  

Ces deux aspects de l’écriture reposent donc sur le même socle. Devenir rédacteur ou devenir journaliste suppose donc une excellente culture générale mais aussi une bonne appréhension des règles rédactionnelles. Une école de journalisme, une formation pour la rédaction de textes pour le Web, … à chacun son parcours de formation.

Les deux sont également menacés par l’intelligence artificielle. Combien de temps faudra-t-il pour que les outils conversationnels soient en mesure de mettre en lien un rapport officiel de plusieurs milliers de pages avec des faits d’actualité ? Des outils s’appuyant sur l’IA proposent déjà (même si les résultats sont à ce jour décevants) des textes optimisés SEO, censés remplacer les rédacteurs et rédactrices Web. On peut donc voir ce premier point commun entre les deux professions : un lien intime avec l’écriture et une menace réelle quant à son avenir. Le rédacteur freelance a-t-il, dans ces conditions, une opportunité de devenir concepteur-rédacteur ou même journaliste rédacteur ?

Quand le journalisme et la rédaction Web poussent à la solitude !

J’en vois certains sourire (je vous ai vu là bien assis derrière votre écran … :)). Vous avez raison, il existe de journalistes salariés par de grands groupes de presse, comme certaines entreprises embauchent une équipe de rédacteurs SEO pour satisfaire leur besoins en termes de Content Marketing. Le rédacteur en chef de tel ou tel titre tout comme le responsable d’agence Web peut confirmer le professionnalisme de ces pros de l’écriture.

Cependant, le journaliste reste au départ un pigiste, devant choisir ses sujets, réussir à les vendre à un directeur de rédaction, relancer ses contacts, …. Le rédacteur Web connait toutes ses tracasseries du freelancing et de l’indépendance. Ici, répondre à un site souhaitant des centaines de fiche-produit, là satisfaire une demande d’un livre blanc, contenter une attente de copywriting pour un mailing percutant, … L’écriture apparait être déjà un exercice solitaire, et ces deux professions poussent une grande partie des acteurs à l’isolement. Cela peut apparaitre comme paradoxal, car dans les deux cas, l’auteur a besoin de sources d’inspiration, de se nourrir du vécu des autres et de son propre quotidien, … Freelance ou indépendant, les hommes et femmes de la plume ne peuvent pour autant s’affranchir de toutes les règles.

Les journalistes Web comme le rédacteur Web freelance doivent donc trouver des clients et gérer leur administratif et leur facturation après avoir accompli leur travail rédactionnel. Le quotidien peut différer entre le journaliste de presse écrite et les journalistes spécialisés dans le Web. Les freelances ne  concernent pas uniquement les  spécialistes de l’écriture mais le journaliste freelance comme le rédacteur ou rédactrice freelance sont soumis à des contraintes spécifiques.

Bien écrire le français ou maitriser la syntaxe Google ?

Sur une fiche-produit comme dans un article de journal, le lecteur acceptera une (voire deux) coquille(s) mais il s’irritera d’un texte recélant fautes d’orthographe et de grammaire en pagaille. Au contraire, il s’enthousiasmera d’un style original ou même décalé, de références subtiles, de jeux de mots, …

Si la faute d’orthographe n’est pas rédhibitoire, la non-maitrise de la langue française l’est totalement. Mais aujourd’hui, le journaliste doit, avant même d’être lu, être visible. Il faut donc qu’il connaisse les arcanes des algorithmes des moteurs de recherche.  Un effort pour comprendre les bases du référencement naturel (le SEO pour les intimes) ne sera pas suffisant, puisqu’il lui faudra des heures de pratique et de formations diverses pour atteindre le niveau d’un rédacteur Web confirmé et reconnu. (si vous ne savez pas de qui je veux parler, écrivez-moi…).  Maitriser la langue Française et appréhender dans son ensemble les règles du référencement sont donc deux prérequis s’appliquant à chacun de ces deux professionnels. Aujourd’hui, les techniques de rédaction doivent nécessairement se renforcer avec celles liées au référencement.

Deux professions habituées à exécuter sans broncher ?

Oui, j’entends déjà l’objection et hop je l’anticipe. Certains journalistes vont porter leur sujet du début à la fin, quand d’autres ne pourront refuser une demande urgente de leur rédac chef. De même, le rédacteur web indépendant peut parfois créer un texte SEO pour son propre site, mais dans la majorité des cas, il s’efforce de respecter un brief de rédaction. Dans tous les cas, l’écriture est encadrée et dirigée et ce quelle que soit la voie, que l’on ait choisi. Rédiger du contenu répond bien souvent à une demande précise et très encadrée.

Transmettre un message ou informer ? Une finalité de plus en plus obscure

Le journaliste informe ses lectrices et lecteurs en respectant les règles du métier. Un chapeau dans lequel il va répondre aux questions principales (les 5W pour les intimes), une écriture directe et fluide, et une ouverture. Il va « enquêter » « recouper ses sources », …

Le rédacteur Web transmet un message (je vous l’accorde, il informe mais quand même il faut bien distinguer rédacteur et journaliste). Il respecte des règles établies et on y retrouve l’entonnoir plaçant les 5W en en-tête. Pour optimiser son référencement, il privilégiera les phrases courtes (directes pour les journalistes) en s’assurant de relayer les bonnes informations. Les sources d’une page Web bien référencée sont aussi importantes que celles d’un journaliste.

L’enquête, la différence principale distinguant la rédactrice Web du journaliste ?

A la lecture de ce qui vient d’être écrit, vous comprenez, que selon moi, la distinction à opérer entre ces deux métiers si similaires réside principalement dans l’enquête en elle-même. Le journaliste doit interviewer les acteurs de son sujet (le rédacteur Web lui ne fait que questionner les protagonistes d’un dossier qu’il est chargé de rédiger…sic !). Le journaliste doit passer des heures à éplucher des documents, des rapports et des études en tout genre (Le rédacteur Web rédigeant une synthèse  d’un projet de loi pour le compte d’un client fait-il autre chose ?… sic !). Le journaliste doit partir sur le terrain pour comprendre la configuration des lieux, la spécificité d’une situation, … (Que fait Éric Rédaction quand il passe 4 heures dans un atelier pour comprendre la fabrication de plaques anciennes …sic !)

Je préfère le ton de l’humour, même si j’admets que certaines enquêtes journalistiques exigent une approche et outils ultra qualifiés. En revanche, je le maintiens, dans une très grande partie des cas, journaliste Web et rédacteur Web habitent le même corps.              

La carte de presse, l’élément officiel de distinction !

Le rédacteur Web n’a jamais de carte de presse, ce précieux sésame censé lui ouvrir bien des portes. Mais les journalistes eux-mêmes n’ont pas toujours cette carte officielle, délivrée en fonction du travail accompli. L’élément est fallacieux et dépassé depuis longtemps. Pour preuve, n’a-t-on pas appris très récemment, par un confrère journaliste, qu’un homme sans carte de presse allait être chargé de présenter la tranche principale de la première chaine d’information de France dans les prochaines semaines ? (Les rédacteurs ne connaitront jamais l’identité de cet homme, alors que les journalistes enquêtent déjà).  Combien d’articles dans les quotidiens sont signés par des auteurs n’ayant jamais fréquenté les écoles de journalisme ?

Alors, Éric Rédaction, rédacteur Web ou Journaliste ?

Les deux mon capitaine, je signe et persiste. Ayant commencé par me former à la rédaction SEO, j’en suis venu à rédiger des articles sur des sujets le passionnant au début, qu’il s’agisse d’histoire (et notamment d’histoire du monachisme) ou de Grande distribution et de marketing (ma précédente vie). Des publications dans des revues confidentielles, je vous l’accorde, mais après tout, n ’est-ce pas la publication qui prime ?

 Puis, acceptant de me former à l’art de l’Interview et de m’initier au travail de recoupement, j’ai collaboré 5 ou 6 ans durant au Monde Économique. Soyons honnête, il ne s’agit aucunement du célèbre journal du soir français mais bien d’une revue suisse. Aujourd’hui encore, je continue cette formation au quotidien, et avec les transformations engendrées par ChatGPT et ses petits frères, cela n’est pas prêt de s’apaiser.

Et vous, quelles différences faites-vous entre le rédacteur et le journaliste Web ? Pour vous les deux sont-ils incompatibles ou au contraire complémentaires ?